Retour sur le symposium de Samoëns édition 2019
Retour sur le symposium de Samoëns 2019.
En août dernier, avant que les sommets et le village de Samoëns ne soient colonisés par la neige, je me rendais dans là-bas, à quelques encablures de la Suisse, pour l’édition 2019 du symposium de sculpture sur pierre.
J’ai pu, en charmante compagnie des Sardes Marco Vargiù et Giuseppe Solinas, du Canarien Daniel Pérez Suarez, et du Français Yvon Tonnerre, travailler une semaine sous la poussière dans des bruits de meuleuses, de marteaux pneumatique et de « frullini », dans le décor idyllique des bords du lac de Samoëns, tandis qu’Isabelle Milleret animait un atelier de sculpture à quelques mètres de là.
Je n’arrivais pas en terre inconnu, j’avais eu le plaisir de participer à l’édition 2012. J’avais alors réalisé un totem, empilement d’animaux que j’avais appelé « La colonne de l’égalité ».
Cette année, le thème était « Solidarité » et j’ai conçu un autre amoncellement animal, un suricate perché sur un chat, cette fois-ci dans la pierre locale marbrière « Bleue Noire des Alpes » ou pierre des Tines. Sur ma maquette, le chat était étendu de tout son long. Dans la « patate » (pierre irrégulière) qui m’a été attribuée, il ne contenait pas… Il s’est alors roulé en boule pour rentrer dans l’espace imparti. Un autre bel exemple criant de solidarité !
Et en guise d’explication, comme il y a sept ans, j’ai écrit un petit poème qui fut mon discours d’inauguration. J’avais dans un premier temps pensé à une solidarité simplement esthétique, une verticalité posée sur une horizontalité. Puis, en cohabitant une semaine avec une famille sarde, une autre idée de scénario m’est venue…
«
Un suricate gros, curieux, un peu roublard,
Entendit du boucan du côté des hauteurs.
Surpris, vif, cancanier, il voulut sans retard
Au-dessus des rochers faire son enquêteur.
Il n’y parvenait pas. It sautait, souffreteux
Pour passer le museau par-dessus la pierraille.
Rien n’y fit. L’embonpoint empêchait le curieux.
Le raffut s’amplifiait, il écoutait en braille.
Un chat dormait tout près, il s'appelait Marcel.
Il aimait les croquettes, la sieste, le repos,
Regardait les souris en bayant aux corneilles
Avant de s'effondrer, épuisé, au dodo.
Le suricate hurla : « Marcel ça te dirait
Tout un plat de croquettes contre un menu service ?
Un œil félin s'ouvrit, une bouche dit « Ouais »,
Attendant si l'effort vaudrait le bénéfice.
L’adipeux poursuivit : « Tu viens là sous mes pieds,
Je te grimpe dessus, je jette un œil là-bas
Par-dessus la montagne et tu auras ton mets.
C'est pas dur solidaire, payé. Du gâteau, quoi. »
« Et si tu bouffais moins, tu escaladerais
Ce petit monticule avec tes pattounettes,
Tu laisserais tranquille les félins fatigués
En manque de sommeil. « Enfin, pour des croquettes… »
Dans un demi-sommeil, le chat, pas motivé,
Prit place au pied du roc, se roula, s’endormit.
L’animal en surpoids, suricate élevé
À la raclette, fondue et autre Génépi,
Grimpa en équilibre sur le dos du matou.
Passant son fin museau au dessus du piton,
Il aperçut enfin dans un bruit de « miaou ! »
L’origine des cris, des vociférations,
Du tintamarre, des braillements, des engueulades,
Des hurlements affreux, des aigus beuglements.
Pas loin de la frontière, devant quelques torsades
Deux Italiens parlaient, entre eux, tranquillement.»