Chacun rend hommage à ses références à sa façon… J’ai imaginé Romain Gary dans la peau du « Baron », personnage récurrent et mystérieux qui apparaît dans plusieurs de ses romans, et qu’il définit ainsi dans « Les mangeurs d’étoiles » :
«Rien n’était jamais arrivé qui pût l’étonner ou le démonter, et il savait que les hommes avaient encore quelques milliers d’années-lumière de route devant eux, avant de cesser d’être des saltimbanques et de devenir des artistes authentiques, créateurs libres et inspirés d’eux-mêmes et de leur propre dignité.(…) Il allait continuer à faire le tour du monde avec curiosité, sous son déguisement de totale indifférence et sous son masque d’absence, toujours à l’affût de la moindre manifestation de quelque talent authentique autour de lui. » (Les mangeurs d’étoiles, p.438, édition Folio).
Un excellent autoportrait de l’écrivain, tel que je le perçois.
Le Baron, qui a ici le visage de son créateur, « sous son déguisement de totale indifférence », est vêtu selon la description qu’en fait Romain Gary dans un autre passage : costume prince-de-galles, chapeau melon, gants de pécari, guêtres (Id., p.317). Je l’ai assis sur une pile de livres, symboles du savoir et de l’Œuvre de l’écrivain. Un reptile s’enroule autour de cette assise pour grimper sur la jambe du personnage, qui reste stoïque. Le serpent représente le python évoqué par Emile Ajar – l’avatar le plus fameux de Romain Gary– dans le roman « Gros-câlin ».
Cette sculpture en résumé présente Romain Gary comme un personnage de roman, de ses romans, ce qu’il était sans aucun doute.
La statue emprunte son titre à un des livres dont est tiré le personnage récurrent du Baron. Gary en effet, « toujours à la recherche du chef d’œuvre », avouait se nourrir de chimères, désireux d’aller toujours plus loin, tentant d’outrepasser les lois de la nature, devenant lui-même un « mangeur d’étoiles ».
Quoi, vous n'avez pas encore lu Gary ?!